TROMPERIE

Il fut un jour probable où certains individus décidèrent de rechercher un logement. Jusque-là, simple banalité de la vie, mais le piment de cette entreprise est, que les trois compères concernés, d’une vie riche de leurs différentes expériences, décidèrent de s’associer afin d’acquérir un lieu de collocation par le biais d’une agence immobilière.

L’un était au chômage, mais possédait un peu d’argent qui lui permettait d’organiser ses deux années à venir d’un bon oeil !

L’une était au chômage, mais déclarée en congé maladie, car sa santé d’intellectuelle surbookée fragilisait son esprit de chercheur d’emploi, lui laissant quand même un petit revenu, source d’approvisionnement en matière de tabac et autres nécessités illusion du plaisir. 

Et le troisième qui travaillait pour une entreprise qui payait très peu ses employés afin de leur apprendre que le travail est avant tout synonyme de santé, bien sur, en prenant soin de ne lui proposer que des contrats à durée déterminés.

Les voilà décidés à donner l’apparence de gens normaux, ou, si vous préférez, de gens dans la normalité exigée par notre système, ayant le désir d’habiter une maison de quatre pièces et pas moins, afin d’épanouir leurs différentes ambitions néo-artistiques. Ils préparèrent donc les documents nécessaires pour l’agence leur permettant de se rendre maitre du lieu convoité.

Feuille de salaire, avis d’imposition, attestation d’employeur fictive, car la somme demandée par la propriétaire du logement était supérieure à la véracité de leur revenu mis en commun.

Ne doutant de rien, ils se mirent en route affublés de leurs utopies et de leurs ambitions en direction du logement prétendu.  Mais voilà que la propriétaire, néonazis à ses moments de distraction, décida de contacter différentes entreprises notifiées sur les attestations afin d’assurer la qualité de leurs mensonges couchés sur le papier. Celle-ci possédait une arme à l’épreuve des coupables. En effet, son arme était simplement le fait qu’elle travaillait aux impôts, ce qui évidemment, permettait d’imaginer avoir un droit de regard sur la vie privée de ses futurs locataires, et d’éliminer ceux qui risquaient de ne pas lui rapporter au demeurant suffisamment d’argent à son goût.

Voici donc nos trois compères démasqués par le Zorro de la perception.

Mais sachez que ceux-ci ne se démoralisèrent pas pour le moins du monde, et décidèrent de manière pragmatique de réitérer leur tentative d’envahissement du bien d’autrui, mais cette fois avec beaucoup plus d’efficacité dans la méthode.

C’est alors que chacun se chargea d’un rôle à tenir face à ‘adversité de la vie moderne.

L’un se servirait de son charme, le deuxième de ses facultés de fabrication de documents faux mais à la fois vrais. Et le troisième, lui était déterminé à montrer profile bas et sérieux pour le cas où il y aurai recherche d’une identité professionnelle convaincante.

Et ! Miracle, un rendez-vous fut obtenu afin de visiter une maison puis une deuxième, ils devenaient d’une efficacité remarquable.  Les deux premiers compères anciennement maris et femmes, décidèrent de recouvrir leurs identités de maritale comme la tradition le supputer dans la morale de notre bonne vieille France, en se repassant l’alliance à chacun des doigts prétendument destinés à justifier de l’état administratif et moral de leur liaison. Puis, bras dessus, bras dessous les voilà se rendant sur le lieu de leur peut être future acquisition immobilière, avec un membre de l’agence responsable de la transaction. 

Tout en sachant qu’un autre rendez-vous aussi judicieusement obtenu était gardé précieusement pour le cas ou la première agence n’apprécie qu’avec peu d’humour, leur intérêt passionné pour une maison située dans les limbes au-dessus de leur état financier.

Et ! Bien sur ! Vous devinez la suite des évènements, un bail fut signé, un chèque fut déposé à regret dans les mains du sbire désigné représentant les personnes propriétaires du lieu convoité.

Un endroit idyllique en tout point, avec, je cite, un jardin magnifique où leurs envolées artistiques allaient pouvoir s’épanouir, entourés de buissons hauts et touffus, d’un platane étendant ses feuilles de printemps dans un geste lent qui appelait ses nouveaux locataires, de petits massifs idéaux pour le développement de plantes d’une variété peu courante dans le monde traditionnel, mais qui pouvaient en toute quiétude grandir à l’abri des regards inquiets des voisins au demeurant presque invisibles, mis à part un irréductible portugais qui avait appris à endosser une tenue de camouflage à la façon des soldats du Vietnam, se confondant à la végétation afin d’observer les trois anomalies sans être vu. Mais rapidement un de nos trois amis ayant remarqué le manège de l’attaquant chargea promptement son arbalète de facture espagnole, et avant qu’il ait pu mettre en place le carreau de celle-ci, maladroitement le coup parti en direction du postérieur de l’individu sus nommé, postérieur abrité par les buissons de camouflages mais sensible au passage d’une flèche, un bruit mou de pomme de terre portugaise s’ensuivit, suivit d’une bataille suscitant une activité plus qu’anormale de la végétation, puis plus rien, un silence total qui permettait à notre équipe d’entendre enfin les bruits de roulements de la rocade de proximité.

Naej